mardi 22 août 2017

FRANCIS BIDJOCKA SUR VOX AFRICA SUR L'EMISSION VOX BOOKS

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Dédicace: des pistes de développement économique

Culture
Carine TSIELE | Publié le 11-07-2017 (articlé publié dans Cameroon Tribune)
 
Une issue proposée par Francis Bidjocka à travers un livre de 289 pages, dédicacé le 29 juin dernier à Yaoundé.
L’ouvrage « Le solidarisme, une solution intégrée aux problèmes du développement économique » de Francis Bidjocka, a été dédicacé le 29 juin dernier au Centre culturel camerounais à Yaoundé. Au cours de la cérémonie, les membres du panel se sont appesantis sur l’importance d’un tel ouvrage pour le développement du Cameroun. A travers la note de lecture de Stéphane Akoa, l’on retiendra que l’auteur propose une solution intégrée au problème de développement économique dans un monde dicté par le capitalisme. Selon ce dernier, l’auteur revisite la question du développement et ses problèmes, avant de présenter le concept  « Solidarisme ». À travers cet essai de 289 pages, Francis Bidjocka fustige l’ignorance qui entretient le sous-développement, mais promeut l’équilibre général et présente également le système solidariste et son fonctionnement en économie. Il estime que le but du solidarisme est d’adopter les lois afin de déterminer les conditions dans lesquelles des opérateurs économiques peuvent rechercher de façon individuelle et libre leur propre intérêt sans porter atteinte à l’intérêt général.
Publié aux éditions Lupeppo, le livre préfacé par Richard David Sitbon met en exergue les principales théories politiques et économiques et en ressort les forces et les faiblesses, avant de proposer le « Solidarisme » comme solution à l’antagonisme entre les deux systèmes majeurs que sont le capitalisme et le solidarisme. L’auteur, quant à lui, s’est appesanti sur le « Solidarisme », qu’il présente comme une alternative tant à la puissance du capital qu’au totalitarisme du communisme. Ce nouveau paradigme vise l’instauration d’un système économique prenant en compte tant les impératifs de liberté d’entreprise que ceux de la justice sociale. La soirée s’est bouclée par la traditionnelle séance de dédicace. Le livre est disponible au prix de 10 000 F.

jeudi 15 juin 2017

LE SOLIDARISME. Une solution intégrée aux problèmes du développement économique.


Francis Adolphe BIDJOCKA vient de commettre  un nouvel essai intitulé :"Le Solidarisme. Une solution intégrée aux problèmes du développement économique" paru en mars 2017 aux Editions Lupeppo. Cet ouvrage de 289 pages qui transcende les théories et doctrines existantes à l'instar du Capitalisme et du Socialisme, constitue un renouvellement révolutionnaire de la pensée économique et sociale.
Contact: +237 699 65 26 58




mercredi 11 décembre 2013

LE SOLIDARISME: INTRODUCTION GENERALE


 INTRODUCTION GENERALE

«Travailler d’urgence à l’instauration d’un nouvel ordre économique international fondé sur l’équité, l’égalité souveraine, l’interdépendance, l’intérêt commun et la coopération entre tous les Etats indépendamment de leur système économique et social, qui corrigera les inégalités et rectifiera les injustices actuelles, permettra d’éliminer le fossé croissant entre les pays développés et les pays en voie de développement et assurera dans la paix et la justice aux générations présentes et futures un développement économique et social qui ira en s’accélérant[1]»


 L’humanité subit des crises multiformes. Au plan économique, chômage, récession, inflation et déficit sont la hantise quotidienne des gouvernements. A cela viennent s’ajouter les problèmes liés à la survie dans les pays du tiers-monde (malnutrition, accès difficile à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation…). Au plan politique et social, on observe une forte ébullition: conflits armés ou larvés, menaces de guerre, grèves, revendications, corruption, injustice et insécurité sont des sujets de préoccupation constante.


 Le solidarisme est un système qui part du principe d’interdépendance de l’ensemble des individus qui composent la société. Ainsi, la résolution des problèmes de l’humanité réside dans la prise de conscience des liens d’interdépendance et de solidarité organique qui unissent ses membres du fait de leurs actions individuelles. Cela implique la nécessité d’une approche globale dans la résolution des problèmes humains. Le bien-être, qui est l’aspiration première de l’homme, dépend premièrement de la satisfaction des besoins matériels c’est-à-dire économiques. Or le bien-être individuel étant corrélé au bien-être collectif, il est nécessaire de mettre en place des institutions susceptibles de créer un cadre  propice à un meilleur épanouissement des agents économiques au sein de leur communauté.


Il importe cependant de comprendre que les problèmes économiques ne peuvent être traités en dehors du contexte social, philosophique, politique et idéologique dans lequel ils se posent. C’est ce qui a fait dire à Marx et Engels[2] que: « La production des idées, des représentations et de la conscience est d'abord directement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle».


           Il apparaît donc à la suite de Jean Ziegler[3], l’éminent sociologue suisse, que : « Dans une société où le réseau des rapports sociaux ne rend pas justice du degré de développement des forces productives, autrement dit, dans une société dont l’organisation sociale, politique et idéologique ne correspond pas à la base économique, le développement des forces de production se trouve entravé». Ceci revient à dire qu’il ne peut y avoir d’efficacité dans le processus économique (plein emploi des facteurs de production) si la superstructure (idéologies, représentation collectives et individuelles) sur laquelle repose la société est erronée. Par exemple, un système favorable à l’esclavage n’atteindra jamais l’efficacité économique dans la mesure où l’esclave n’est maître ni de ses choix économiques, ni de ses facultés personnelles (talents, dons…).


           Le but du présent ouvrage est de résoudre le problème économique en le restituant dans sa globalité. Cette approche multidimensionnelle devra nécessairement réconcilier la plupart des disciplines des sciences sociales notamment la sociologie, la philosophie et l’économie.


Dans un premier temps, nous allons revisiter le processus de naissance et de fonctionnement de la société. Cette analyse sociologique va nous permettre de faire avec Jean Ziegler[4] : « La critique des superstructures, des organisations de rapports de production matérielles, symboliques, qui freinent, bloquent ou paralysent la libre créativité des hommes ».


 Dans un deuxième temps, nous irons à la recherche des causes premières c’est-à-dire des principes fondamentaux, des vérités essentielles qui forment le socle sur lequel repose tout système cognitif. C’est donc par une démarche purement philosophique, par la méthode d’induction à rebours  [5], que nous allons remonter le cours de la pensée pour la situer à son point liminaire. Cela nous permettra d’évaluer le processus logique qui a concouru aux théories existantes afin de les amender s’il y a lieu.


 Enfin dans un troisième temps, nous allons traduire et formaliser  sur le plan économique, les principes philosophiques et les modes d’organisation sociale qui sont à la base solidarisme. Il s’agit ici de démontrer sur le plan analytique la justesse des hypothèses de base du système solidariste d’une part, et d’autre part de montrer toutes les implications auxquelles elle aboutit en termes de résolution des problèmes économiques contemporains. 


[1] Assemblée générale des nations unies, résolution 3201 (S-VI, p. 2,9 mai 1974, Chronique mensuelle des nations Unies, Vol. XI, n°5, mai 1974.
[2] Karl Marx et Friedrich Engels, L’idéologie allemande, Première partie : Feueurbach (1848). p. 17.      
[3] Ziegler Jean, Retournez les fusils, manuel de sociologie d’opposition, Paris, Seuil, 1980.
[4] Ziegler Jean, Retournez les fusils, manuel de sociologie d’opposition, Paris, Seuil, 1980.
[5] L’induction à rebours est une méthode de raisonnement très utilisée en théorie des jeux pour éliminer des menaces non crédibles car reposant sur des stratégies qui ont rationnellement peu de chances d'être choisies. Dans le cadre de cette étude il s’agira de déterminer les choix logiques qu’auraient dû opérer nos ascendants s’ils avaient été rationnels dans leurs décisions économiques.



Extrait du livre de Francis BIDJOCKA, "Le Solidarisme: Une solution intégrée aux problèmes du développement économique", Editions Lupeppo, Yaoundé,2017.







samedi 13 novembre 2010

QU'EST CE QUE LE SOLIDARISME ?

LES NOUVEAUX APPORTS DU  SOLIDARISME de Francis BIDJOCKA.  

Le solidarisme est un  système économique et social qui assimile la société à un organisme vivant au sein duquel tous les éléments sont unis par des liens d’interdépendance et de solidarité fonctionnelle. Le terme solidarisme vient du mot solidarité dont il convient de préciser le sens dans le cadre de notre exposé. La solidarité désigne une relation de dépendance réciproque entre plusieurs éléments distincts.

En sociologie l’on distingue d’une part une solidarité dite mécanique, laquelle se définit comme un sentiment qui pousse les être humains à s’accorder une assistance mutuelle, et d’autre part une solidarité dite organique qui résulte d’un processus impersonnel d’assistance géré par les institutions sociales relevant de l’autorité publique. La solidarité mécanique est caractéristique des communautés où les membres sont assez proches les uns et les autres et se connaissent personnellement. La solidarité organique prend naissance avec la prise de conscience de la responsabilité collective  de la société toute entière vis-à-vis de tous et de chacun. C’est cela qui a conduit à la création d’organismes d’assurance, de prévoyance, et d’assistance sociale destinés à protéger le citoyen contre les risques naturels et sociaux (catastrophe, maladie, chômage) qu’il peut être amené à subir.

Dans le cadre de la présente étude nous parlerons de la solidarité fonctionnelle, laquelle indépendamment des deux autres sus citées se définit comme une relation, d’interdépendance et de complémentarité  que l’on retrouve dans tout organisme qu’il soit naturel ou artificiel. Ainsi parlera-t-on de solidarité fonctionnelle entre les différentes pièces d’un moteur ou entre les différents organes du corps humain. Quels peuvent alors être les principes fondamentaux du solidarisme ?


Le principe de l’unité fonctionnelle.

L’unité désigne la caractéristique de ce qui est un, de ce qui constitue un tout. On peut donc dire qu’unifier c’est mettre ensemble des éléments séparés au sein d’une même structure, ce qui revient à effectuer un acte de création. Une chose est sure, tout ce qui existe à un commencement qui atteste sa création et toute création est unique avec ses caractéristiques particulières. Ainsi toute communauté, toute société humaine est une création, fut-elle spontanée ou volontaire. Comme nous l’avons dit plus haut l’adhésion à une communauté entraîne inévitablement pour l’individu une perte de souveraineté plus ou moins acceptée selon la nature et l’objet de la communauté. D’autre part, l’adhésion à une communauté entraîne des avantages pour chacun de ses membres. On peut donc dire que la création d’une collectivité quelconque doit se faire sur la base d’un contrat qui spécifie les obligations ainsi que les avantages auxquels ont droit chacun des membres.

La collectivité ainsi créée devient une entité propre, distincte de ses membres, une "personne morale" au sens juridique du terme. Cette nouvelle « personne » est donc une institution qui représente la structure crée par les individualités qui la composent. Ainsi toute communauté qu’elle soit physique, morale, spirituelle ou culturelle entraîne la création d’une institution nouvelle, unique et indivisible : elle constitue donc une unité fonctionnelle.

Ainsi une société ne peut exister encore moins subsister que si elle respecte le  principe  de l’unité fonctionnelle. Voilà pourquoi la première responsabilité d’un chef  est de défendre l’intégrité et la pérennité de la structure qu’il dirige contre les menaces intérieures ou extérieures et pour cela il importe consolider et préserver premièrement « l’unité » de toutes ses composantes.
S’il est clair que le principe de l’unité est le principe préalable à toute société humaine, la question est de savoir comment faire pour le réaliser en pratique.


Le principe de l’organisation.

Il est relativement facile de s’unir avec une ou plusieurs personnes dans la recherche d’intérêts communs, qu’ils soient économiques, affectifs ou autres. Cette union peut s’appeler amitié, camaraderie, collaboration ou même complicité, elle ne saurait toutefois avoir d’existence au sens propre que si elle donne naissance à une entité distincte de ses membres, c’est-à-dire une institution. Pour marquer l’unité, il faut un contrat entre des individus et ce contrat doit nécessairement entraîner des restrictions de liberté c’est-à-dire des devoirs et des obligations envers  l’institution qui va donc faire l’objet d’un transfert d’autorité de la part de ses membres. On parlera donc de mariage, de  confrérie, de syndicat, des partis politiques pour une union qui a fait l’objet d’un contrat déterminé et qui est opposable à tous.

Un contrat doit toujours préciser la nature, l’objet, les objectifs, la durée ainsi que les droits et devoirs de ses membres. Cela signifie que l’on ne peut pas se lier par un contrat si l’on n’a pas d’objectifs précis à atteindre ou des avantages à retirer. Et pour réaliser les objectifs de l’association le contrat doit prévoir les rôles et les attributions de chacun. Qui fait quoi, commet et pourquoi ? Ce sont là des questions auxquelles doit répondre la fonction d’organisation qui est indispensable à l’unité c’est-à-dire à la survie de toute structure.

Nous en déduisons que le deuxième principe fondamental à toute société humaine est le principe de l’organisation. Aucune société ne peut subsister si elle n’est pas organisée, si les rôles et les places de chacun des sociétaires ne sont pas définis.
Toutefois que les hommes abandonnent l’Etat nature pour adopter l’état social, ils renoncent à certain de leur de droits dans le but d’en retirer quelques avantages en contrepartie.

La spécialisation des tâches à laquelle abouti nécessairement la société implique quelques contraintes certes, mais elle crée beaucoup d’avantages. Malheureusement, toute organisation n’est pas une garantie de bien-être pour les membres  d’une société. En effet une organisation peut être bonne ou mauvaise, efficace ou inefficace. Seulement comment le savoir, quel sont les critères d’une bonne organisation ? Ce sont là des questions auxquelles doit répondre la fonction d’organisation qui est indispensable à l’unité et à la survie de toute structure. Nous en déduisons que le deuxième principe fondamental de toute société humaine est le principe de l’organisation. Aucune société ne peut subsister si elle n’est pas organisée, si les rôles et places de chacun des sociétaires ne sont pas définis.

Le principe de l’équilibre.

L’équilibre est donc la qualité de ce qui est constant, normal. En sciences physiques un point ou un système est dit en équilibre lorsque la résultante des forces intérieures et extérieures qui s’appliquent à ce point (ou système) est nulle.
Lorsqu’une organisation est mise en place c’est pour atteindre des objectifs précis. Et ce n’est que sur cette base que l’on peut l’évaluer. Si les objectifs fixés par une société ne sont pas atteints c’est qu’il y a un problème dont il faut rechercher les causes. Celles-ci peuvent  être externes (exogènes) dues à l’environnement extérieur à la structure et non contrôlable par celle-ci. Mais elles peuvent aussi être endogènes et dans ce cas, elles découlent d’un problème organisationnel.         

La raison d’être d’une organisation est de satisfaire un besoin ou de résoudre un problème donné. Il y a donc une confrontation entre un problème et une solution, une demande et une offre, une dépense et un gain, un donner et un recevoir. L’équilibre résulte d’une égalité, d’un nécessaire ajustement entre plusieurs positions opposées mais concourantes et complémentaires.

Une société ne peut exister s’il n’y a pas d’unité entre les personnes qui la composent. Cette unité va se matérialiser par la mise sur pied d’institutions reconnues et opposables à tous. Or mettre en place une institution implique le recours à des méthodes d’organisation. Le critère d’évaluation de l’efficacité et de la justesse d’une organisation est le principe de l’équilibre. Lorsque celui-ci n’est pas respecté, il s’ensuit immédiatement des conséquences. Par exemple, le chômage chronique ou l’inflation sont des déséquilibres qui traduisent l’inefficacité de l’organisation économique d’un pays.









mardi 19 octobre 2010

Le solidarisme de Francis Adolphe Bidjocka


   Voici un extrait tiré du livre Le solidarisme .. Bonne lecture.

CHAPITRE VI : Solidarité et solidarisme


« De grandes récompenses attendent ceux qui seront capables de vivre, d’apprendre, de travailler et de forger des liens solides avec les autres ».                                                           Martin Luther King.

Le solidarisme est un courant de pensée qui place la solidarité au cœur de l’organisation et du fonctionnement d’une société[1]. Cette définition est très générale et mérite d’être précisée tant le terme solidarité renvoie à plusieurs acceptions qu’il convient d’énumérer succinctement afin de permettre une bonne appréciation du solidarisme qui l’objet du présent ouvrage. La solidarité dans les relations humaines se définit comme un devoir d’assistance mutuelle entre plusieurs individus liés par des lois relevant d’une entente, d’une appartenance à une communauté bien définie ou tout simplement de la morale.


Solidarité et vie communautaire.


La cellule familiale constitue la base de toute communauté humaine. Elle est fondée sur la complémentarité, l’assistance, l’amour c'est-à-dire le don de soi. Pris dans ce cadre restreint, la solidarité des membres d’une famille est une donnée paramétrique qui ne saurait être modifiée ; elle constitue une fin en soi, car elle va au dessus de la recherche d’intérêts égoïstes. En effet, l’amour d’un parent pour son enfant invalide ne peut pas se justifier par l’attente d’un retour sur investissement ou tout autre intérêt inavoué. La vie communautaire ainsi définie va se développer sur la base de cette communion de sentiments qui poussent à l’entraide d’autant plus que le prochain n’est qu’un autre moi avec lequel je partage des liens de fraternité, d’amitié ou de croyance religieuse ou autre. Ce type de solidarité se rencontre plus chez des peuples premiers vivant en tribus et clans au sein desquels la cohésion et l’organisation fait primer le sentiment collectif sur les tendances personnelles ou individualistes. Ce type de solidarité a été qualifié par Emile Durkheim[2] de « solidarité mécanique ».


Dans son ouvrage sur la division du travail, Durkheim (1893) décrit la société moderne comme une association impersonnelle dans laquelle  une multitude d’individus sont liés non par une similitudes de croyances ou de sentiments, mais par la poursuite d’objectifs communs en l’occurrence le bien-être économique. Ce type de société est caractérisé par une division poussée du travail qui rend les individus dépendants les uns des autres. Alors que dans la vie de clan, tout les individus sont polyvalents dans leur travail (agriculteur, chasseur, charpentier, etc.), ici les individus sont spécialisés dans une tâche voire un bout de tâche qui contraint au travail d’équipe ou à la chaîne. C’est ce type de solidarité que Durkheim qualifiée de la « solidarité organique ». Nous verrons par la suite que ce type de solidarité pour être effective doit impérativement se matérialiser par voie de contrat (contrat civil et contrat social).


Partant de toute cette modélisation faite sur la solidarité que Léon Bourgeois va développer une doctrine politique et sociale qui va prendre le nom de solidarisme. Cette doctrine, exposée dans Solidarité (1896), va montrer que la solidarité sociale est un devoir pour tous les membres d’une société. A travers la notion du quasi contrat social qui se définit comme l’expression d’une dette de l’individu envers la société en ce qu’il démontre que :   « En entrant dans l'association, il y prend sa part d'un héritage accumulé par les ancêtres de lui-même et de tous ; en naissant, il commence à jouir d'un capital immense qu'ont épargné d'autres générations antérieures[3] » En d’autres termes « Nous naissons chargés d'obligations de toute sorte envers la société » ainsi que l’a formulé Auguste Comte. Par conséquent, « Une obligation naturelle existe donc pour tout homme de concourir aux charges de l’association dont il partage les profits et de contribuer à la continuité de son développement.[4] »

Cette doctrine a conduit à l’institutionnalisation des systèmes d’assistance sociale (éducation publique gratuite, retraites, etc.) qui a conduit à l’avènement de l’état social qui tend à devenir une donnée universelle des sociétés contemporaines, malgré la crise qu’il semble connaître.


« La bioéconomie[5] est l’économie qui permet de maintenir, d’entretenir et d’améliorer la vie du corps social planétaire humain dans un principe fondamental de solidarité. Les principes de la bioéconomie sont fondés sur l’observation d’un organisme vivant et de ses interactions avec le milieu environnant… ». Ce courant conduit par René Passet remet en cause le cloisonnement libéral de la science économique qui ne se préoccupe que des aspects quantitatifs du développement en excluant les vrais intérêts de l’homme qui se situent au-delà du matériel.

L’être humain est obligé de travailler afin de produire les biens matériels nécessaires à la satisfaction de ses besoins. Toutefois, les moyens matériels ne sont qu’un moyen parmi tous ceux qui concourent à concerne l’épanouissement de la personne humaine. René Passet démontre qu’au delà de l’économique : «  Se développent, s'étendent les vastes domaines de la gratuité de l'affectivité, de l'esthétique, des convictions morales, philosophiques, religieuses. Ces valeurs en un mot par lesquelles les hommes donnent sens à leur vie. Et l'humain à son tour est immergé dans le vivant: l'homme, créature non point comme les autres mais parmi les autres, se développant en interdépendance avec elles et le milieu qui les porte. Ainsi se dessinent trois sphères régies par une relation d'inclusion en fonction de laquelle ce qui se passe au sein de chacune d'elles concerne les autres sans que cela remette en cause leur spécificité. Portée par la sociosphère et la biosphère, la sphère économique qui leur appartient les porte aussi en elle[6]. »

La bioéconomie est donc une économie du vivant ou mieux de la vie qui intègre dans une perspective de développement durable les sphères économique, humaine (sociosphère) et naturelle (biosphère).La bioéconomie promeut donc une approche globale des problèmes économiques qui ne peut s’aborder que dans démarche de « transdisciplinarité ».


L'Économie sociale et solidaire regroupe les relations économiques que des individus peuvent entretenir entre eux dans le but de résoudre des problèmes qui leur sont communs en dehors des logiques purement marchandes c'est-à-dire lucratives. Elle englobe toutes les activités économiques menées  par les associations, les coopératives, les mutuelles, les tontines, les systèmes d’échanges locaux (troc), le commerce équitable, la micro finance, etc.
L’économie sociale a connu ces dernières années un développement exponentiel qui l’a placé au cœur des politiques de développement et de lutte contre la pauvreté comme l’atteste la réussite du projet Grameen[7] dont la reconnaissance a valu à son promoteur, Muhammad Yunus, l’obtention du prix Nobel d’économie. Tout cela démontre l’importance d’une approche plus solidaire dans les relations économiques entre les humains en accort avec André Gide selon lequel : «  L'Économie sociale cherche surtout à rendre les hommes plus heureux, en leur procurant non seulement plus d'aisance mais plus de sécurité, plus d'indépendance, plus de loisirs[8] ».


Pour Herbert Spencer, s’inspirant d’auguste Comte, la société humaine dans son fonctionnement est assimilable à un organisme vivant. Il établit donc un parallélisme entre la sociologie et la biologie dont elle doit s’inspirer. Spencer envisage donc la société comme un organisme vivant dont les différentes parties sont constituées d’organes différenciés concourrant à l’accomplissement de fonctions spécifiques. L’observation du fonctionnement du corps humain met en évidence la parfaite coordination qui existe entre les différentes cellules, tissus et organes du corps humain, qui bien qu’indépendants, concourrent harmonieusement au fonctionnement de tout l’organisme. Il énonce ainsi le principe selon lequel : « L'organisation n'est possible dans un individu, qu'à la condition que l'ensemble soit dépendant de chaque partie et chaque partie dépendante de l'ensemble… C'est-à-dire que la mutuelle dépendance des parties est une condition essentielle du début et des progrès de l'organisation sociale, aussi bien que du début et des progrès de l'organisation individuelle[9] ».

Nous qualifierons de « solidarité fonctionnelle » ce type de solidarité qui résulte non de l’agrégation plus ou moins complexe des individus en société, mais bel et bien de celle qui découle d’une « organisation régulatrice[10] » chargée d’assurer la coordination et la cohérence d’une multitude d’actions individuelles. L’objet du présent ouvrage est précisément de déterminer les modalités de régulation de l’activité économique au sein de sociétés contemporaines. C’est de cette contribution nouvelle qu’il sera question dans la suite de ce livre, c'est-à-dire du solidarisme.


[1] Grawitz Madeleine, Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2004
[2] Émile Durkheim (1893), De la division du travail social : Livre I.
[3] Léon BOURGEOIS (1851-1925), Solidarité, p. 46  
[4] Léon BOURGEOIS (1851-1925), Solidarité, p. 54  
[5] Marie Martin-Pécheux, Bioéconomie et solidarisme - Pour une économie au service de la vie, d'un monde "libéral" à un monde libéré, col. ContrEnquêtes, éd. Interkeltia, 2009.
[6] Passet René, Le développement durable : De la transdisciplinarité à la responsabilité, Congrès de Locarno, 30 avril - 2 mai 1997 : Annexes au document de synthèse CIRET-UNESCO.
[7] Le projet Grameen est une initiative du Dr Muhammad YUNUS qui pour lutter contre la pauvreté au Bangladesh créa  une banque qui accorde du micro crédit aux plus démunis. Les résultats spectaculaires ont permis au projet de s’étendre à d’autres domaines et même de s’exporter dans le monde.
[8] Gide Charles, Principes d’économie politique, (1931). p. 16.              
[9] Herbert Spencer (1903). Introduction à la Science Sociale, p. 233, 234.         
[10] Ibid. p 45